vendredi 26 août 2011

Rothéneuf - Un mythe dans les rochers



A l'abri des regards, sur la cote bretonne, très très proche de St Malo, se dresse un bestiaire improbable et fascinant sculpté à même la roche...les rochers sculptés de Rothéneuf (la petite bourgade qui les abrite) ne peuvent pas laisser insensible le visiteur, qu'il parvienne par hasard dessus ou que, comme moi, il vienne découvrir le site après en avoir entendu parlé longuement.


Personnellement, j'ai été littéralement happé par le spectacle offert. Je me suis volontairement perdu, photographiant abondamment (peine perdue, le meilleur appareil numérique ne pourra jamais saisir certaines choses) et surtout, me laissant aller à une promenade racontant une histoire : celle du mythe de l'abbé Fouré. Ce personnage, contemporain de Jung du début du 20eme, perdit ses facultés d'audition et d'élocution (selon la légende locale) et se mit alors à sculpter les rochers pour dessiner des légendes...durant 25 ans. 
A posteriori, je n'ai pas pu m'empêcher de faire le rapprochement entre ce vieux prêtre sculptant la roche à quelques dizaines de mètres de la mer et Jung taillant ses pierres à Bolligen, près de son lac.

Je vous offre un petit reportage avec mes propres photos, ainsi qu'un petit document vidéo monté à la hâte après ma visite (visible à l'orthographe approximative)....et quelques liens pour découvrir un peu plus ce lieu en toute fin de billet.
Agréable visite !











VIDEO


LIENS




vendredi 19 août 2011

Le livre rouge - Extrait


"La voie de l’à-venir
Si je parle dans l’esprit de ce temps, il me faut dire : Rien ni personne ne peut justifier ce qu’il me faut vous annoncer. Me justifier est superflu, car je n’ai pas le choix, il le faut. J’ai appris qu’outre l’esprit de ce temps, un autre esprit est à l’œuvre, celui qui règne sur les profondeurs de tout ce qui fait partie du présent.L’esprit de ce temps veut entendre parler d’utilité et de valeur. Je le pensais moi aussi et ce qui est humain en moi le pense encore. Mais cet autre esprit m’oblige néanmoins à parler, par-delà toute justification, toute utilité et tout sens.Empli de fierté humaine et aveuglé par l’esprit présomptueux de ce temps, j’ai longtemps cherché à tenir cet autre esprit à distance. Mais je n’ai pas pris en compte que l’esprit des profondeurs fut de tout temps et sera pour tous les temps plus puissant que l’esprit de ce temps qui change au fil des générations.
L’esprit des profondeurs a soumis toute la fierté et tout l’orgueil du discernement. Il m’a ôté la foi en la science, il m’a privé de la joie d’expliquer et de classifier, et il a fait s’éteindre en moi l’enthousiasme pour les idéaux de ce temps. Il m’a contraint à descendre vers les choses ultimes et les plus simples. 
L’esprit des profondeurs s’est emparé de mon entendement et de toutes mes connaissances, et les a mis au service de ce qui est inexplicable et qui va à l’encontre du sens. Il m’a privé de la parole et de l’écriture pour tout ce qui n’était pas au service de cette seule chose, cette fusion du sens et du contre-sens qui produit le sur-sens.

Mais le sur-sens est la voie, le chemin et le pont vers l’à-venir.
C’est le Dieu à venir. Ce n’est pas le Dieu à venir lui-même, mais son image, qui apparaît dans le sur-sens. Dieu est une image et ceux qui l’adorent doivent l’adorer dans l’image du sur-sens. Le sur-sens n’est pas sens, pas plus qu’il n’est contre-sens, il est à la fois image et force, magnificence et force réunies.
Le sur-sens est commencement et but. Il est le pont du passage et de l’accomplissement. Les autres dieux sont morts de leur temporalité, mais le sur-sens ne meurt pas, il se transforme en sens puis en contre-sens, et du feu et du sang de la collision des deux s’élève à nouveau, rajeuni, le sur-sens.
L’image de Dieu a une ombre. Le sur-sens est réel et projette une ombre. Car qu’est-ce qui pourrait être réel et physique sans posséder une ombre ? L’ombre est le non-sens. Elle est sans force et n’existe pas par elle-même. Mais le non sens est le frère inséparable et immortel du sur-sens. Les humains grandissent comme les plantes, les uns à la lumière, les autres à l’ombre. Nombreux sont ceux qui ont besoin de l’ombre et pas de la lumière.L’image de Dieu projette une ombre qui est aussi grande qu’elle-même. Le sur-sens est grand et petit, il est aussi étendu que l’espace du ciel étoilé et aussi étroit que la cellule du corps vivant."

Le Livre Rouge

lundi 1 août 2011

Christian Bobin


J'aimerais vous parler de ce poète et écrivain, qui fait peu de bruit et pourtant draine beaucoup de lecteurs, séduits par sa plume vive et lumineuse. Il m'a réconcilié avec la poésie au sens large, qui ne réside pas (seulement) dans des vers ou de belles métaphores, mais génère des mots qui percutent le coeur et l'âme. C'est à la suite d'une interview dans un mensuel que je l'ai découvert et surtout son approche fantastique de la vie et sa bonhomie, qui m'ont totalement bouleversées. 



En apprenant à le découvrir, j'ai appris qu'il vivait dans une maison confortable mais simple dans son village natal du centre de la France, à la campagne comme on dit, retiré volontairement de l'agitation urbaine. Manifestement empreint de foi chrétienne, il en parle avec humanisme, générosité et intelligence qui donneraient envie de redécouvrir les textes sacrés pour qui les aurait oublié...son parcours en tant qu'étudiant en philosophie, bibliothécaire, rédacteur de revue et infirmier psychiatrique semble lui avoir donné une conviction inébranlable dans le genre humain, pour lequel il écrit avec tact, en particulier des enfants et de leur joie lumineuse et éternelle...bref, j'incite tout un chacun à découvrir son oeuvre. Probablement est il plus facile de commencer par ses ouvrages plus proches du roman comme Louise amour ou la part manquante....





Quelques extraits

"Tout le mal dans cette vie provient d'un défaut d'attention à ce qu'elle a de faible et d'éphémère."

"Pour qu'une chose soit vraie il faut qu'en plus d'être vraie elle entre dans notre vie."

"La vie est à elle-même son propre sens, pour peu qu'elle soit vivante." 

"Ce qui ne peut danser au bord des lèvres, s'en va hurler au fond de l'âme".

"Personne ne peut tenir la vérité près de soi, fût-ce dans le cachot d'une formule. La vérité, on ne peut l'avoir, seulement la vivre."