vendredi 21 décembre 2012

Suiseki (3) - Le dragon rouge en Alchimie


Qui connait le dragon ? 
Redoutable, redouté et pourtant allié incontournable de toute transformation....
Enfermant les attributs archaïques, sa force élémentaire antérieure à la matière, précède même la séparation du bien et du mal.


Adulé en Asie, symbole de fertilité et d'esprit créatif, il apparaît également en occident, porteur de connaissances ésotériques et témoin de LA tradition, il contenait à l'époque des Grecs et Romains les germes du savoir par l'initiation.


En Alchimie, le dragon rouge symbolise la voie par le cinabre, qui peut être sèche (l'illumination précède l'initiation) ou humide (l'initiation précède l'illumination).


Le dragon rouge, ou cinabre, enferme à la fois le principe actif masculin (soufre) et le principe passif féminin (mercure métallique)...notons aussi que c'est également un sel (le liant), ainsi le cinabre peut se définir à la fois comme le début (élément chimique) et la fin (l'union des trois principes alchimiques).


Mais avant tout, le dragon rouge est une invitation à la plongée dans l'obscurité qui masque la lumière, c'est pour cette raison qu'il paraît si effrayant...


Toutes  les pierres de cette section proviennent de ma collection personnelle et sont entièrement naturelles, façonnées par la nature.


Suiseki (2) La pierre fontaine

samedi 15 décembre 2012

Hors série Le Point - Le mystère Carl Jung


Il n'est pas rare de découvrir, au détour d'un magazine, une apparition du vieux zurichois pour mentionner un de ses concepts clef ou pour agrémenter une thématique...mais voici que le hors série n°13 (décembre/janvier) du point lui propose un numéro entier !!! Je crois que c'est une première en France pour un hebdomadaire "grand tirage" et c'est avec une petite appréhension que je m’empressais de l'acheter dès sa sortie. Allait on retomber dans les lieux communs ou mettre l'accent sur des aspects "exotiques" de son oeuvre, au détriment du message essentiel et du contenu ?

Sommaire
Jung le chamane

Du disciple au maître                                                  
"Carl Pasteur" l'enfant de l'ombre, Les "portes d'or" de l'université, Quand la psychiatrie découvrait la parole  , A la clinique de Burghölzli, Freud/Jung, une histoire d'amour, Ménage à trois, Sabina Spielrein, la passion rejetée, La quête de la liberté, Les journées Eranos, Des écrivains à Bollingen, Nazisme : le soupçon, Le vieil alchimiste, L'accouchement au forceps de "la vitta".

Who's who   
Cary et Peter Baynes, Otto Gross, Aniéla Jaffé, Wolfgang, Pauli, etc

L'élaboration d'un oeuvre
Comment est née la psychologie analytique ?, Aux sources de la pensée jungienne, L'ombre de Merlin, Parlez vous jungien ?, Le poids de l'archétype, L'autre inconscient, "Le transfert relève de l'alchimie", Comment être soi, Le Livre Rouge.

La postérité
De la difficulté d'être jungien, Les héritiers du New-Age, Individuation et franc-maçonnerie;

Impression générale
L'ensemble est d'excellente teneur, la structure rend la lecture vivante et très facile (sa vie, son oeuvre, ses relations, son influence). Les nombreuses illustrations apportent un attrait complémentaire et les intervenants sont issus d'horizons variés (parmi le panel de "jungiens" évidemment mais également un "freudien", un sociologue, artiste, etc).
Les soupçons autour du nazisme sont enfin abordés sans concession et avec objectivité, même s'il manque une partie des éléments (voir ce billet pour plus de détails).
D'après ma lecture, voici une matière intéressante pour découvrir l'homme, son influence, et pour comprendre la genèse de son oeuvre...bref, une grande avancée dans un pays où la pensée rationaliste a quelque peu étouffé le développement de la psychologie analytique.

Quelques extraits
Comme Jung l'a souvent écrit : sa psychologie n'est rien d'autre qu'un modèle qui permet de pen­ser et de mettre en ordre un cer­tain nombre de phénomènes psy­chiques. Elle n'a certes pas la prétention d'établir ce que sont en soi les forces qui, si nous n'y prenons pas garde, nous gouvernent malgré nous :... L'inconscient est donc hors de no­tre portée et nous ne pouvons prendre en compte que ce que nous considérons comme ses ma­nifestations en nous … Ce que nous dénommons inconscient est une notion bâtie par induction, qui désigne les « forces » qui s'emparent de nous, ce qui nous dépasse de partout, ce sur quoi nous ne pourrons jamais réellement nous expliquer.
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Quels sont les centres jungiens les plus importants dans le monde?

L'Europe et les États-Unis, d'abord, où se dessinent quatre zones d'influence im­portantes : à Zurich, où l'on défend un héritage assez clas­sique ; à Londres, où l'on pro­meut une approche développe-mentale qui met l'accent sur le travail de transfert ; aux États-Unis, où les neuropsychologues s'intéressent particulièrement au rôle central de l'image et de l'imagination pour en voir l'ap­plication dans le fonctionne­ment cérébral ; en Allemagne, où certains analystes dévelop­pent l'aspect métaphysique* de la pensée de |ung. Mais la géographie des jungiens bouge. De nouveaux pôles émergent en Amérique latine et en Asie. Dans certains pays où le contex­te politique est parfois très dur et où l'accès à la liberté indivi­duelle n'est pas garantie, onse passionne pour Jung, dont les idées valorisent justement la singularité de chaque indi­vidu.
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Je vis Jung pour la première fois le 14 janvier 1929 et malgré ma certitude de n'avoir jamais rencontré Jung, ou même vu une photographie de lui auparavant, j'éprouvai pourtant te plus intense sentiment du déjà vu jamais vécu. En même temps, je savais que c'était la personne la plus complète qu'il m'eût été donné de connaître. Quand je peignais, j'avais toujours été attiré par cette qualité que l'on retrouve intacte, dans les animaux ou chez la plupart des enfants. Dans te monde des adultes, je ne l'avais perçu que chez les primitifs épargnés par la civilisation ou chez les vieux paysans européens qui ont vécu toute leur vie en contact étroit avec la terre. J'avais depuis longtemps abandonné tout espoir de le retrouver chez les gens cultivés {...) Tout ébranlée par ces fortes impressions, je me baissai pour caresser le chien jusqu'à ce que je sois rappelée à la réalité par Jung qui me demandait sèchement : "Êtes-vous venue de Paris pour voir mon chien ou moi?" B. Hannah

mercredi 14 novembre 2012

Mandala de Jung - Systema Mundi Totius

Système du monde entier
 «C’est le premier mandala que j’ai réalisé, en 1916,complètement inconscient de ce qu’il signifiait.»

Ce mandala, précurseur de la série qui allait illustrer le cheminement intérieur de Carl Jung, a été conçu lors de l'inspiration qui a abouti au fameux Sept sermons aux morts, écrits dont il y aurait tellement à dire, tant sur son profond décalage avec le reste de son œuvre que sur les révélations personnelles exprimées qui ont guidées le psychologue toute sa vie durant.
 
La première publication de cette figure, anonyme à cette occasion, date de 1955 (Jung avait alors tout juste 80 ans). 
Le commentaire de la figure était fourni par l'auteur lui-même.

Nous avons ajouté en astérisque quelques annotations complémentaires.

«Il représente le paradoxe que constitue un microcosme à l’intérieur d’un macrocosme, et ce qui les oppose. Tout en haut, on peut voir la figure du jeune garçon dans l’œuf ailé; appelé Erikèpaios ou Phanès, en tant que créature spirituelle, il rappelle des dieux orphiques*. Sa sombre figure antithétique dans les profondeurs des Enfers est ici désignée comme Abraxas. 
Représentant le «dominus mundi», maître du monde physique, c’est un créateur de nature ambivalente. De son corps jaillit l’arbre de vie portant l’inscription «vita» (la vie) auquel fait pendant, dans la partie supérieure, un arbre lumineux ayant la forme d’un candélabre à sept branches et désigné par les mots «ignis» (le feu) et «Eros» (l’amour). 
Sa lumière est dirigée vers le monde spirituel de l’Enfant divin. 

L’art et la science appartiennent également à ce royaume spirituel, l’art étant représenté sous la forme d’un serpent ailé et la science sous celle d’une souris, elle aussi ailée (symbole d’une activité qui creuse des trous!). – Le candélabre est basé sur le principe du trois**, chiffre sacré (deux fois trois flammes et une grande flamme au centre), tandis que le monde inférieur d’Abraxas est caractérisé par le chiffre symbolisant l’Homme naturel, le cinq*** (son étoile comptant deux fois cinq branches). 

Les animaux accompagnant le monde naturel sont un monstre diabolique et une larve. Cette dernière symbolise la mort et la renaissance. 

Le mandala est également divisé à l’horizontale. Sur la gauche, d’une sphère interne symbolisant le corps ou le sang, surgit un serpent qui s’enroule autour du phallus, en tant que principe générateur****. 
Le serpent, sombre et lumineux, fait allusion au royaume ténébreux de la Terre, de la Lune, et du Vide (et est, par conséquent, appelé Satan). 

Le resplendissant royaume de la plénitude se trouve sur la droite, là où la colombe du Saint-Esprit s’envole du cercle lumineux «frigus sive amor dei» [froid, ou l’amour de Dieu] tandis que la sagesse (Sophia) se déverse sur la gauche et sur la droite d’un double calice – Cette sphère féminine est celle du Ciel. – La sphère la plus grande, caractérisée par des lignes en zigzag ou rayons, représente un soleil intérieur; dans cette sphère, le macrocosme est encore une fois reproduit – le haut et le bas étant toutefois inversés, 
comme dans un miroir. 

Ce macrocosme se répète à l’infini, son image devenant toujours plus petite, jusqu’à ce que le centre le plus intime – le microcosme proprement dit – soit atteint.»

*L'orphisme est un mouvement religieux de la Grèce antique, aux courant multiples et complexes, dont la croyance fondatrice est la double origine de l'homme (divine et des Titans, créatures puissantes, "telluriques")
**Le trois est associé au principe, l'unité sortant d'une dynamique (les opposés 2 et le troisième terme 1)
***Voir l'homme de Vitruve de De Vinci

dimanche 4 novembre 2012

La libido selon Jung (1)

 

"On peut dire que dans le domaine psychologique le concept de libido a la même signification que celui d'énergie dans le domaine de la physique depuis Robert Mayer*".


 
Cette phrase, extraite de Les métamorphoses de l'âme et ses symboles (page 237), contient, selon nous, le ferment qui inspirera l’œuvre de Jung ; cette ouverture vers "les autres sciences" marquera aussi un point de rupture avec Freud qui tentait alors d'enraciner les fondations de la psychanalyse naissante (au risque, peut-être, de l'enfermer dans des dogmes peu compatibles avec la nature psychique).
Pour le zurichois, la sexualité n'est qu'une des formes que revêt l'énergie vitale psychique, qu'il associe à la libido. Il est bon de noter que Freud lui-même, dans ses essais plus tardifs sur la théorie sexuelle, reconnaîtra que la libido peut être contenue dans des forces instinctives (pulsions) autres que sexuelles.
Essayons de poser quelques éléments de définition et d'encadrement de la notion de libido chez Jung.

Unité d'intensité psychique
 
La libido représente l'intensité du processus psychique, sa valeur psychologique en quelque sorte. 
Toutefois il ne s'agit pas d'une valeur attribuée, d'ordre moral, esthétique ou intellectuel ; la valeur psychique correspond à la force déterminante du processus, qui se manifeste par des états définis ou "rendements psychiques".

Psychodynamisme indifférencié
 
Ce terme abscons définit la vie de l'âme selon Jung.
Comme la précédente définition de la libido l'évoque, Jung postule l'existence d'une énergie vitale psychique en mouvement ET, selon le premier principe de la thermodynamique de Mayer, en conservation de quantité.
Pour faire simple, la libido obéit à un flux constant et naturel, à l'instar de la circulation sanguine dans le corps,  définissant finalement "l'activité" d'une strate ou l'autre
de la psyché
La libido circule à la fois dans l'inconscient et la conscience mais, répondant au principe de conservation, ce qui est apporté à l'un est toujours déduit de l'autre...

La libido n'est pas seulement celle qui crée, forme et engendre ; c'est également une poussée vers un but que l'on pourrait résumer simplement par l'accroissement de la conscience humaine.
Le cours de la libido n'est pas linéaire; Jung a décelé que la dynamique psychoénergétique est "oscillatoire".

Les cycles régression/progression
"Si la libido reste fixée au royaume merveilleux du monde intérieur, alors l'homme est devenu une ombre pour le monde d'en haut, il est comme mort ou gravement malade. Mais si la libido réussit à se libérer et à remonter vers le monde d'en haut, alors se produit un miracle: le voyage aux enfers a été pour elle une fontaine de jouvence et de la mort apparente surgit une nouvelle fécondité".        Métamorphose... p487
Voici qui exprime clairement cette notion de cycle...
Prenons le cas d'école d'un individu à l'évolution psychique optimal. 
La libido s'investit dans la conscience qui va alors se distinguait des contenus de l'inconscient, et se faisant s’accroître en intégrant ce qui "n'était pas", c'est la phase de progression
Mais le processus "épuise" cette énergie et des symptômes de désunion de l'individu apparaissent.
En fait, la libido a changé d'orientation et plongé dans l'inconscient, donnant alors vie à ce qui "était dans l'ombre" (images, souvenirs, sentiments, sensations, etc.). L'émergence de ces "matériaux inconnus" exerce une influence grandissante sur la conscience, bien souvent en dépit de la résistance désespérée de l'intelligence claire. C'est la phase de régression, la fameuse descente en enfer mentionnée par Jung.

Pour résumer, le mouvement régressif puise dans l'énergie indifférenciée et fait gagner en force vive, diminuant la différenciation alors que le mouvement progressif augmente la capacité discriminative tout en faisant perdre de la force, de l'intensité au mouvement opérant.  
La conjonction du mouvement permet donc une différenciation grâce à la force extraite de l'indifférenciation.


La force du symbole

La naissance du symbole stoppe la régression de la libido dans l'inconscient.
La régression devient progression, le refoulement, flux. 
Ainsi est brisée la puissance attractive de la profondeur première.
Le salut se situe donc dans le symbole (voir à ce sujet ce billet) qui peut comprendre et unir en soi conscient et inconscient.
 
*Robert MAYER (1814-1878), médecin et physicien allemand, connut notamment pour sa formulation du premier principe de la thermodynamique.

Suite, voir Libido cycle progression/régression 

jeudi 1 novembre 2012

L'énergétique psychique - Format poche



Ma présence sur "la toile" est rare depuis quelque temps et les billets approfondis absents...la vie est ainsi faite de certains cycles, que l'on sait déceler ou pas, mais qu'il faut toujours essayer d'accepter avec sérénité. 
En attendant que "la roue tourne", je vous propose une information concernant la sortie, relativement récente, d'un ouvrage de Jung, au format poche. Il s'agit en fait d'une compilation de plusieurs essais courts datant de périodes diverses. 
Le titre "L'énergétique psychique" est un peu trompeur car seule la première partie de l'ouvrage traite réellement de la thématique de la libido selon Jung, les autres chapitres sont, en quelque sorte, des études sur  les flux de libido et son expression visible chez l'homme...on notera l'approche résolument orientée vers l'occultisme (la croyance aux esprits, les phénomènes paranormaux, etc).

J' ai choisi cette courte présentation car je dois prendre le temps de réaliser un petit écrit sur le thème de la libido pour une amie très chère, cybervoisine pour tout dire...me voici donc sur les rails.

samedi 29 septembre 2012

Dead can dance (2) - Concert au Grand Rex

Voici le retour de la musique avec un groupe qui m'est cher et qui suit le sentier de mes introspections depuis un peu plus de 30 ans, Dead can dance (voir la présentation ici )...j'ai eu la chance d'assister à leur troisième concert français, donné au Grand Rex jeudi dernier. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir que deux jours plus tard, leur concert était visible sur les plateformes de videos et ce, de plusieurs sources différentes...et bien, profitons alors de ces petits moments de partage sélectionnés par mes soins.







Cette dernière de piètre qualité mais qui m'a touché car faisant référence au décès d'un proche du chanteur...



lundi 17 septembre 2012

Livre rouge - Le texte en format poche !



Nous découvrons cette édition (Les Arènes) qui doit probablement exister depuis quelque temps...il s'agit du format poche de l'énorme opus jungien, qui contient le texte de la version complète. 
La consultation de ce "petit" ouvrage (650 pages tout de même) ne contenant que le texte, ne pourra pas procurer l'effet de saisissement inévitable face aux dessins fascinants, ces couleurs éclatantes, le grain particulier de la feuille et le format hors norme, de l'original...mais pour qui veut plonger dans l'intimité la plus extrême (et brutale) du père de la psychologie des profondeurs, c'est une aubaine à moins de 30 euros (au lieu de 200 pour l'original).
Accessible dans toute bonne libraire, virtuelle ou non, l'information est transmise.

Février 2013 : A cette heure, la majorité des exemplaires de la première édition est épuisée...et les spéculations font envoler les prix, gageons qu'une deuxième édition va arriver rapidement.


Le Livre Rouge

samedi 8 septembre 2012

Livre rouge - Le contenu



Septembre, mois de toutes les reprises, voici donc la période propice pour mobiliser les énergies...
Afin d'assurer la transition vers de nouvelles lignes en cours de préparation, nous vous proposons un petit travail exposé sur le blog de notre amie Ariaga ( Laboratoire du Rêve et de l'Alchimie ). 
 
Exercice périlleux, nous tentons d'introduire et synthétiser le contenu de l’œuvre d'une vie intérieure, espérant apporter quelques pistes "aux chercheurs de psyché".


Photo Ariaga, p. 119 du Livre Rouge de C.G.JUNG
Chère Ariaga,

Ayant succinctement parcouru les écrits de l’ouvrage, tu m’avais demandé, durant ta récente convalescence, mon ressenti. Je suis bien loin d’avoir tout appréhendé et je ne pense pas en avoir jamais l’ambition.

Je dois t’avouer qu’un constat s'impose : ce livre peut être abordé de deux façons, radicalement différentes
Comme nous l’avons fait tous les deux au début, se contenter de l’ouvrir, admirer, laisser venir et parler les forces symboliques des dessins, de la texture du papier, des lettres gothiques ... et se les attribuer. Ou alors, se plonger dans l’écrit, activer la fonction pensée et tenter de comprendre la plongée dans l’âme de Jung … qui devient alors seul maître à bord.
Use, amie Ariaga, le plus longuement possible de l’esprit de découverte avant de passer à un approfondissement car j’ai peur que la marche arrière ne soit pas possible.

 

 

 Liber primus

Ce qui m’a frappé de prime abord, c’est le fantôme apparent d’une première version. En effet, Jung avait entamé le travail de mise en forme de ses cahiers noirs sur un premier ouvrage dont les dimensions ne convenaient pas…et, soigneusement, il a découpé puis collé chaque page sur la mouture finale, comme un symbole de ces éternels retours en arrière sur le chemin de l’individuation, de ce jeu de composition qui, parfois, s'impose pour que les fragments retrouvent une unité.

Je n’ai pas pu m’empêcher de " voir " Carl, regard concentré, langue sortie, appliqué à faire ses collages (je sais, j’adore les clichés).
La vision prophétique de « la marée terrifiante », augurant l’arrivée future de la première guerre mondiale m’a particulièrement touchée. J’avais alors le sentiment de découvrir l’âme élevée de Jung, sensible à une « infection psychique » de l’inconscient collectif.
Au cours de ma première lecture, le couple mystérieux Elie et Salomé a résonné au fond de moi...m’interpelant, me questionnant et le rôle de Salomé, femme séductrice et aveugle m’intriguait particulièrement. 
Et pour cause, c’est l’expression de l’anima qui ne peut que résonner en chaque homme. Cette figure mystérieuse bouscule Jung, le pousse à l'expérience du non mental...exercice totalement contre nature pour lui et qui le force à aller vers sa souffrance la plus intime.

Liber secundus

Voici l’heure d’Izdubar, colossal et puissant (saisissant est le mot parfaitement adapté) … mais anéanti par le poison du mental si ancré chez Jung ; la raison tue le numinosum
Le géant divin est alors réduit à l’état d’un œuf que Jung garde sur lui, croyant le contrôler. Le contrôler car il ne peut pas s’en passer, il l’aime ! (Je crois que des enjeux essentiels sont placés dans cet œuf et je creuserai probablement la question dans les prochains mois)
Même à l’état embryonnaire, sa force submerge Jung qui doit lui redonner vie…mais personne ne peut donner naissance à un Dieu. Carl passera à cette période, comme il le raconte dans Ma vie, très près de la folie.

Philémon arrive alors, comme pour le sauver. 
Jung en parle ainsi : « …la fusion du sens et du non-sens, qui produit la signification suprême… ».
C’est une image du Soi, du Dieu en lui.
Naturellement, Jung va passer par une phase de fusion très déroutante pour le lecteur où il écrit comme étant représentant de Dieu...d'un dieu intérieur, à n'en pas douter.
Finalement, il va donner " corps " à ce vieux sage à travers la réalisation d'un superbe dessin détaillé. 
Ce travail va lui permettre de l'objectiver et ainsi de s'en différencier.

Salomé réapparait, guérie et souhaitant de nouveau lui imposer sa présence. 
Jung refuse, poussé par une peur viscérale ... combien j’ai été troublé de lire ce Jung, porté par une fonction dominante "pensée" tellement effrayé par son anima, porteuse du "sentiment".
Ces puissances vitales sont bien capables de ramener un brillant chercheur à l’état de petit enfant !

Épreuves

Cette partie n'existe pas dans la version du Livre Rouge original mais a été insérée par l’éditeur ce qui me semble cohérent.
Je retiendrais deux choses : Le fameux Sermon aux morts où Jung, pour reprendre ses propres mots, « a découvert les couches pré-personnelles en lui, formant une sorte de prélude à ce qu’il avait à communiquer au monde sur l’inconscient » 
et puis cette phrase
« Par l’union avec le soi, nous atteignons le Dieu » … pas Dieu, ni un Dieu mais LE Dieu.

Si je devais, amie, résumer ma perception du Livre rouge, je parlerais d’un chemin de souffrance et d’amour purifié.


Le Livre Rouge



vendredi 13 juillet 2012

Quelques pensées pour les vacances...

"La sagesse est de savoir douter où il faut, se soumettre où il faut, croire où il faut." Blaise Pascal


"Les gens réfléchissent trop à ce qu'ils doivent faire et trop peu à ce qu'ils doivent être."  Maître Eckhart


"Penser est difficile, c'est pourquoi tellement se font juges" Carl Gustav Jung


"Mon Dieu, si je n'existais pas, vous non plus n'existeriez pas puisque moi, c'est vous, avec ce besoin que vous avez de moi" Angelus silesius


"La hauteur nous attire, mais non les degrés qui y mènent; les yeux fixés sur la lune, nous cheminons volontiers dans la plaine" Goethe



"Ce qu'on sait de quelqu'un empêche de le connaitre." Christian Bobin



Je souhaite à chacun un été agréable et paisible, avec du soleil plein le coeur, qui comblera largement celui du ciel qui fait défaut...
Jean





vendredi 22 juin 2012

Matt Harding - Celui qui fait danser le monde

La ronde des anges (Fra Angelico)

C'est l'histoire d'un jeune américain qui, suite à un échec dans l'univers du jeu vidéo, décida de faire le tour du monde à la découverte des merveilles...un ami fidèle le suivit et le filma sur de courtes séquences, improvisant une danse simple, toujours la même. Le résultat eut un succès surprenant.



Fort de son succès, il décida alors de renouveler l'expérience mais cette fois, en utilisant la population locale pour le filmer, et même participer avec lui à la chorégraphie...la joie, l'allégresse de cette danse collective est communicative. Je ne saurais expliquer précisément pourquoi mais je suis à chaque fois touché par ce que je perçois dans ces visages de danseurs, de toutes les couleurs des continents...



Enfin, très récemment (mise en ligne le 20 juin), il continua sur sa lancée en orchestrant des danses collectives avec les populations, dans une chorégraphie précise, rythmée par une chanson interprétée par une amie à lui et dont il a écrit en partie les paroles (paroles d'espoir et de joie humaniste pour ceux qui comprennent l'anglais). 
C'est probablement la vidéo qui me touche le plus...elle porte en elle le symbole incarné de la cohésion humaine, de l'universalité des choses (comme la musique et la danse)...à découvrir donc.




mardi 19 juin 2012

L'homme à la découverte de son âme - Jung


"Personnellement, j'ai toujours été convaincu, depuis qu'à vingt-deux ans j'ai eu la chance de rencontrer Jung, l'homme et son œuvre, que dans les siècles futurs on parlera de Freud et de Jung un peu comme aujourd'hui nous parlons d'Aristote et de Platon. C'est pourquoi il ne faut pas laisser banaliser, polluer les sources essentielles de la vie psychologique de l'homme." Dr Roland Cahen
"Préfaceur" et traducteur de bon nombre d'ouvrages de Jung, Cahen a rédigé cette phrase que j'ai trouvé démesurée de prétention à la première lecture...et puis, finalement, du chemin parcouru depuis, j'en arrive à me dire que ces quatre penseurs étaient bien des archéologues de l'âme comme l'histoire en a peu connu....

Continuons donc en douceur avec un ouvrage que l'on peut qualifier de vulgarisation. Cahen a réuni des textes épars dans un ensemble finalement très cohérent. Jung expose ici, avec simplicité et clarté, sa psychologie. Il constitue une excellente entrée en matière (même si je reconnais la qualité d'autres vulgarisateurs, Jung parlant de son œuvre est d'une toute autre précision) qui pourrait être suivi par la lecture du plus approfondi "Dialectique du moi et de l'inconscient" (voir ici).

Le livre est articulé selon trois axes distincts et complémentaires :

Partie 1 

Jung fait état de l'homme face à ses angoisses intérieures, son rapport à la magie et la spiritualité, depuis les premiers temps jusqu'à nos jours, où les institutions religieuses et autres mouvements n'arrivent plus à combler chez lui un besoin de sens qui doit se construire par une quête éminemment personnelle
Il y définit également ce qu'il entend par l'âme et pose la question qui jalonne toute son œuvre "où cela me mène t'il ?".
"elle a la dignité d'une entité à laquelle il est donné d'être consciente d'une relation avec la divinité"
Partie 2

Voici le moment de découvrir les complexes, ces "personnalités parcellaires" qui se construisent en même temps que le moi...un long et passionnant chapitre traite notamment du fameux test d'association  et, c'est ici que se situe le plus palpitant, la manière dont ce sont établies les modalités d'interprétation.
Ici, nous sommes dans la zone liminale entre conscient et inconscient !

Partie 3

Enfin, nous entrons de plain-pied dans l'ombre de l'inconscient avec les rêves...nous retrouverons ici les notions déjà établies par Freud mais surtout, les spécificités de l'approche jungienne, avec sa fonction prospective.


Quelques extraits
"nous sommes éternellement inachevés, nous croissons et changeons. La personnalité future que nous serons est déjà là, mais encore cachée dans l'ombre. Le moi, dans un certain sens, est comme une fente mobile qui se déplace sur un film, progressivement. Les potentialités futures du moi relèvent de son ombre présente. Nous savons ce que nous avons été, mais nous ignorons ce que nous serons."
"La fonction prospective forme à mon avis un attribut essentiel du rêve; l'on fera cependant bien de ne pas la surestimer; sinon l'on serait facilement tenté de voir dans le rêve une espèce de psychopompe qui, douée de sagesse supérieure, serait capable d'engager l'existence dans des voies infaillibles. Autant l'on sous-estime, d'une part, la portée psychologique du rêve, autant, d'autre part, le danger est grand, pour quiconque étudie les songes et pratique leur interprétation, de surestimer la validité de l'incons­cient pour la vie réelle."
"L'inconscient n'est pas un monstre démoniaque; c'est un organisme naturel, indifférent au point de vue moral, esthétique et intellectuel, qui ne devient réellement dangereux que lorsque notre attitude consciente à son égard est désespérément fausse."
"Nous comprenons toujours autrui comme nous nous comprenons nous-mêmes ou du moins comme nous cherchons à nous comprendre. Ce que nous ne comprenons pas en nous-mêmes nous ne le comprenons pas chez les autres et inversement. Ainsi, pour des raisons dont on n'a que l'embarras du choix, l'image d'autrui que nous portons en nous est en général hautement subjective. Comme l'on sait, même une connaissance intime ne saurait impliquer une appréciation d'autrui à son exacte valeur."

mercredi 13 juin 2012

Kairos - Le temps de l'opportun

On distingue chez les grecs 3 formes de temps. 
  1. Chronos est la plus proche de l'acception contemporaine, écoulement linéaire du passé vers le futur, définissant la durée.  
  2. L'Aïon est, en quelque sorte, le temps de la détermination, celui des périodes, des "ères", souvent assimilé à la notion du temps cyclique. 
  3. Enfin, le Kairos, peut être défini comme l'instant de l'opportunité.
Il est intéressant de noter que le Kairos utilisé dans la Bible désigne les moments d'accomplissement des desseins de Dieu. 
 
 Du côté grec
 
A l'origine, Kairos est représenté comme dieu des occasions opportunes. Son caractère fugace, volatile, insaisissable, explique les ailes à ses talons que l'on retrouve sur les représentations et qui lui confère cette célérité.
 
L'esprit de Kairos – La Fabrique de Kairos

Ses prêtres, à l'instar du dieu, étaient rasés à l'arrière du crane et se laissaient pousser une longue mèche à l'avant. 
Face au Kairos, il existe trois possibilités :
  1. Ne pas le discerner, 
  2. Réaliser sa présence mais ne pas avoir l'acuité suffisante pour le saisir, 
  3. Avoir la capacité de le voir et d'empoigner sa mèche.
Cette étonnante mèche témoigne que, malgré sa rapidité, le Kairos nous offre toujours une possibilité de le saisir...

Que porte le Kairos ?
 
Contrairement aux deux autres formes du temps, le Kairos porte un sens personnel à chacun. Il n'est jamais commun à deux personnes.
S'il incarne la bonne opportunité, celui qui maîtrise le Kairos sera porté par le succès alors que celui qui ne le voit pas connaîtra des réussites plus "laborieuses".

Chronos nous emporte, tel le courant de la rivière, tous, sans exception ni distinction, mais Kairos ne se présente qu'en des points précis et distincts pour tous !
 
Le temps du Chronos est linéaire et sagittal alors que le temps du Kairos est en lien avec notre intériorité, singulière.
 
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Créant un espace de conjonction entre le monde et nous, le Kairos partage des similitudes avec la synchronicité. De la même manière, le Kairos joue un rôle déterminant dans nos vies, car le moment juste, opportun, porte en lui un basculement, un point d'inflexion qui crée un "avant et un après".

Comment attraper la mèche ?
 
Aristote s'est, notamment, penché sur la question dans ses traités d'éthique et un mot revient dans sa démonstration : Phronesis
Une définition, insatisfaisante car le mot n'a pas d'équivalent propre, pourrait être prudence.  Plus satisfaisant pourrait être l'idée de  "sagesse pratique".
La phronesis est l'art de la vision juste pour soi, au bon moment. Celui qui a su apprendre à se connaître, au-delà de toute concession, et qui, par cette connaissance fine de soi, possède le discernement de voir ce qui est bon pour lui.

Sous ce terme, les grecs vont bien plus loin car ils postulent le fait que cette connaissance de soi peut amener à la (re)connaissance de l'amour des dieux pour nous...une union réciproque en somme.
Le Kairos devient alors l’instant fugitif mais essentiel, soumis au hasard mais lié à l’absolu.

Si l'on en revient aux boussoles psychologiques de l'être, la transcription d'une bonne appréhension du Kairos semble correspondre au fonctionnement harmonieux de la fonction sentiment et de la fonction intuition.
Pour un instant suspendu entre temps profane et temps sacré, quoi de plus naturel que d'en appeler à une fonction rationnelle couplée à une fonction irrationnelle.

«Le kairos est un don, et le don est un kairos; l'intervention du dieu dans le sort des mortels en modifie la temporalité, et l'on comprend dès lors que l'un des sens de kairos ait désigné le moment fugace où tout se décide, où la durée prend un cours favorable à nos vœux. (...) L'irruption soudaine du kairos, c'est-à-dire d'un temps visité par le dieu, se marque en général chez Pindare, par l'apparition de la lumière. (...) Lorsque l'orage a bien enténébré la terre, soudain le vent faiblit, la pluie s'arrête, la nue s’entrouvre - et c'est l'embellie, une clairière de lumière soudain, dans un lieu de désolation. L'homme a senti le passage du dieu, et tel est le kairos. (...) Le kairos est une seconde d'éternité. »

 Pindare de Gilbert Romeyer Dherbey.

mercredi 16 mai 2012

Interlude musical...

Brendan Perry du groupe Dead can dance, sur une reprise de Portishead.

Bonne écoute...


jeudi 19 avril 2012

Suiseki (2) - La pierre fontaine


Apercevez vous comme moi cette source jaillissante, 
qui bouillonne au milieu de la pierre noire ?
Source de vie, elle s'écoule de gauche et de droite...



Par le versant nord, beaucoup ont tenté de la gravir, 
impétueux, téméraires.
Ces sentiers escarpés ont créé tant de dépit et d'échecs.


Une vieille légende raconte qu'un vilaine sorcière grimaçante serait à l'origine de ces malheurs.


Toutes  les pierres de cette section proviennent de ma collection personnelle et sont entièrement naturelles, façonnées par la nature.

mercredi 11 avril 2012

Petit moment de grâce (5)




Reynaldo Hahn: L'heure exquise, Chansons grises No.5
Paroles de Verlaine

Philippe Jaroussky, contretenor
Jérôme Ducros, piano

Petit moment de grâce (1)




dimanche 8 avril 2012

Petit traité de vie intérieure - Lenoir

Sous ce titre banal, j'ai eu la surprise de découvrir un ouvrage vibrant...vibrant par l'humanisme qu'il porte, la sincère joie de vivre qu'il transmet et le témoignage d'un homme, simple et ordinaire, qui a trouvé les pierres pour édifier son "temple intérieur".

L'auteur
Lorsque j'ai découvert Frédéric Lenoir il n'y a pas si longtemps lors d'un débat sur la chrétienté, je n'étais pas en accord avec ses propos...mais j'ai aussitôt eu envie de le connaître mieux, touché par l'authenticité qui se dégageait de l'individu, attribut si rare sur les plateaux de télé. 
Lenoir a eu un parcours atypique. Passionné de philosophie dès le plus jeune âge, il entreprit ses études dans ce domaine avec son meilleur ami, devenu prêtre depuis, pour être finalement diplômé en philosophie, sociologie et histoire de la religion. Passionné par les religions, il a étudié, entre autre, l'hébreu et la kabbale, le bouddhisme tibétain et s'est réconcilié tardivement avec les évangiles, il va réaliser finalement une retraite de trois dans une communauté chrétienne. C'est un homme qui a éprouvé !
Chose que j'ai appris plus tard, sa route a croisé l'oeuvre de Jung à l'adolescence, le marquant durablement.

Sommaire
I Dire oui à la vie                                            XI La règle d'or
II Confiance et lâcher prise                       XII L'amour et l'amitié
III. Responsable de sa vie                           XIII La non-violence et le pardon
IV. Agir et non agir                                         XIV Le partage
V. Silence et méditation                                XV Attachement et non-attachement
VI. Connaissance et discernement             XVI L'adversité est un maître spirituel
VII. Connais toi toi-même                             XVII Ici et maintenant
VIII L'acquisition des vertus                      XVIII Apprivoiser la mort
IX Devenir libre                                                XIX L'humour
X Amour de soi et guérison intérieure      XX La beauté

Avis personnel
J'avais rédigé un long paragraphe mais, après réflexion, je crois que ces quelques mots de l'auteur résument mieux que je ne l'aurais fait mon sentiment :
"Exister est un fait, vivre est un art. Tout le chemin de la vie, c'est passer de l'ignorance à la connaissance, de la peur à l'amour."

Quelques extraits

"Si nous apprenons à nous connaître en vérité, nous devenons plus compatissants et l'image idéalisée que nous avons de nous-mêmes va s'écrouler. Cela peut être insupportable tant que l'on n'entre pas dans l'ac­ceptation de ce qui est. Une acceptation qui est l'in­dispensable premier pas vers la transformation. S'idéaliser soi-même, idéaliser son clan ou sa nation, a pour conséquence de rejeter le mal sur l'extérieur. C'est ainsi que se légitiment presque toutes les guerres."

"Sans estime de soi, on ne peut pas estimer les autres ; sans respect de soi, on ne peut pas respecter les autres. Sans amour de soi, on ne peut pas aimer les autres. L'apprentissage de la relation à soi est donc la condition de l'apprentissage de la relation aux autres."

"Une conversion du regard s'impose. Il est temps d'admettre que, non seulement l'échec n'est pas un drame, mais qu'il peut bien souvent devenir un évé­nement positif. Son premier atout, qui est loin d'être négligeable, consiste à nous remettre dans une atti­tude d'humilité face à la vie. Il nous contraint à accepter la vie telle qu'elle est et non pas telle que nous la voulons ou la rêvons. La vraie souffrance, comme je l'ai rappelé à la suite des philosophes stoï­ciens, mais aussi taoïstes, naît de notre résistance au changement, au mouvement de la vie, à son flux. Alors, réjouissons-nous quand il y a des hauts; et quand des bas se présentent, acceptons-les et fai­sons en sorte qu'ils nous servent de tremplin. En ce sens, je considère nos échecs comme autant de maîtres spirituels, c'est-à-dire de guides qui nous aident à rectifier notre trajectoire. Ils appartiennent à la loi de la vie, et je pense que leur présence, qui nous est naturellement désagréable sur le moment, est néanmoins indispensable à la globalité de notre parcours."






samedi 17 mars 2012

"Chercher Dieu" - L'oeuvre d'une vie

Lors d'une grande braderie locale, un étalage d'ouvrages variés attira mon regard...un rapide coup d'oeil découragea toute envie de fouille dans ce fatras de papier, ou du moins, brisa toute illusion de trouver quelque chose autrement que par hasard...un peu pressé, je n'avais pas le temps de jouer au hasard...et pourtant, une couverture foncée d'un vieux cahier éculé se trouvait là, comment ai je pu remarquer le quelconque parmi le quelconque ? Je sentais rayonner ce vieux cahier scolaire. Sur la couverture, je lus le titre "Chercher Dieu". Il me fallait découvrir plus avant et les pages jaunies terminèrent chez moi.
A la fin du cahier, ces quelques mots touchants : "Cahier perdu, puis retrouvé...commencé en 1934, achevé fin 2002"...68 ans de quête d'une moniale ! Car j'ai fini, au fil des lignes, par comprendre qu'il s'agissait très certainement du cahier ayant appartenu à une religieuse.




Je rêve d'un grand feu de bois dans la campagne.
Et autour, nous autres. Quelques unes seulement, celles qui comprennent sans paroles.
Assises en rond, respirant au rythme de la terre.
Les étoiles sont comme la lampe dans le sanctuaire, aux pieds de Dieu.
Il n'y a plus de souffrance en nous. Il n'y a plus de nous....
Il n'y a plus que sa présence.

Pour ma petite Anna,
8-2-42




















Tout ce qu'on ne sait pas donner...possède !



















Un être vivant ne se conserve pas, il se donne...ou il meurt.


Je crois que l'océan qui vient battre les grèves après une tempête, a des flots moins cruels.
Et que, puisqu'ici-bas, nul n'achève ses rêves, c'est qu'ils sont éternels ! ...